Si vous associez Niki de Saint Phalle à de grosses bonnes femmes d'un goût incertain, vous vous êtes encore fait avoir par les médias, le merchandising et la culture de masse. Il est tout à fait possible de partir avec un à priori négatif de cette artiste quoi qu'on en dise incontournable et d'être stupéfait de son engagement créatif... à défaut on pourra critiquer en connaissance de cause.
L'exposition Niki de Saint Phalle au Grand Palais retrace sa carrière de manière rétrospective et démontre salle par salle la richesse expansive de sa créativité.
Je citerais comme période particulièrement marquante celle des Tirs qui lui ont valu d'être invitée à rejoindre les Nouveaux Réalistes en 1961. Ces œuvres sont des sculptures combinées de plâtre et d'objets hétéroclites, à la manière de combine paintings, sur lesquels Niki de Saint Phalle tirait avec des cartouche de peinture. Le geste est violent bien qu'inoffensif et fera l'objet de performances filmées, qui sont la "première vie" de ses œuvres, avant qu'elles ne soient exposées en tant que peintures et sculptures.
Des "tirs" de Niki de Saint Phalle |
Pour en revenir aux Nanas, cette rétrospective leur redonne tout leur sens, vulgarisé par leur utilisation expansive dans les lieux publics et sur les mugs sans autre approche artistique : les Nanas sont en fait le symbole éclatant du féminisme engagé de Niki de Saint Phalle qui fut pourtant mannequin, épouse et mère. Elle croyait en une société matriarcale et disait que si les femmes dirigeait le monde, il serait impossible que la faim existe, car une femme ne laisse personne mourir de faim.
Niki de Saint Phalle est bien présentée dans cette rétrospective en tant qu'artiste et en tant que femme, toute son âme et ses émotions sont perceptibles dans ces œuvres brutes et brutales, par leur propos, par le travail autodidacte. Elles sont vivantes et charnelles et stimulent les sens même si finalement on ne fait que les regarder.
Le Rêve de Diane, Niki de Saint Phalle, 1970 |
Un paradoxe m'a beaucoup touché chez cette artiste : son formidable combat féministe se superpose avec sa sensibilité romantique et fragile.
Why don't you love me, Niki de Saint Phalle, 1968 |
Les galeries du Grand Palais sont un lieu d'exposition comme toujours très prisé, aussi je recommande bien sur l'achat d'un billet à l'avance et de venir le soir. Les pièces sont grosses et la circulation plutôt fluide dans les salles, l'affluence ne devrait cependant pas vous gâcher la visite.
Une dernière pour la route, le Grand Obélisque :
Infos pratiques pour l'exposition Niki de Saint Phalle au Grand Palais :
Jusqu'au 2 février 2015
De 10h à 20h dimanche et lundi, de 10h à 22h du mercredi au samedi
Tarif 13€, TR 9€
Durée de visite : 1h, 1h30 s vous regardez toutes les vidéos
Site de l'exposition
Constance Jacquot