vendredi 22 mars 2013

Avis sur l'expo "L'Ange du Bizarre" au musée d'Orsay

Avis sur l'expo "L'Ange du Bizarre" au musée d'Orsay : est-elle à voir ou non ? Oui et plusieurs fois, elle est à la fois touchante et passionnante.

La bande annonce de "L'Ange du bizarre, Le romantisme noir de Goya à Max Ernst", très décalée de l'image institutionnelle du musée d'Orsay, vaut le coup d'oeil :

Bande annonce de l'exposition Gérôme au musée d... par musee-orsay

Le romantisme noir est un courant artistique qui commence à la fin du XVIIIe siècle dans la littérature gothique anglaise et se prolonge jusqu'au début du XXe siècle avec le cinéma expressionniste. Les artistes utilisent un univers sombre et onirique pour poser les questions de pérennité de la morale, des moeurs et de la religion. Leurs craintes personnelles et celles propres au XIXe siècle, la peur de l'avenir, se comprennent assez facilement, même pour une amateur comme moi, dans les scènes dantesques, les monstres et autres personnages torturés, si bien qu'on s'attribue ce ressenti. Le romantisme noir peut être vécu de façon très personnelle.

J'ai visité "L'Ange du bizarre, Le romantisme noir de Goya à Max Ernst" un jeudi soir en imaginant que c'était une brillante idée... Grosse méprise, car le musée d'Orsay était plein à craquer. J'ai attendu 15-20 minutes avant de pénétrer dans le bâtiment, je n'ai pas eu à faire la queue au caisse grâce à la gratuité pour les 18-25 ans (et oui, même sur une exposition temporaire ; le musée d'Orsay m'énerve à rester arc-bouté sur la position d'interdire la photo, mais j'avoue que cette gratuité très encourageante me le ferait oublier) mais vu le "troupeau" qui attendait devant les caisses, dans un certain chaos, là encore il y avait bien 15 minutes à patienter pour acheter son billet.

Une fois entrée dans l'exposition, je remarque qu'il n'y a plus de guide de visite. Je suis allée en récupérer un au bureau d'informations (l'exposition se tient dans la galerie à gauche, et ce point d'infos est de l'autre côté à droite). Je me suis donnée de la peine pour rien -il fallait littéralement jouer des coudes pour se déplacer- car ce guide de visite reprend mot pour mot les panneaux présents dans les salles.

Les conditions de visite de "L'Ange du bizarre" était absolument déplorables tant il y avait de monde : la chaleur nous étouffait (j'ai oublié d'évoquer précédemment la longue attente au vestiaire, néanmoins plus disciplinée que les caisses) et bien souvent seule la partie haute des tableaux restait visible tant de personne était agglutinées devant, parfois malgré elle car ne sachant comment bouger. Certes le musée d'Orsay est là victime de son succès mais ces difficultés auraient été évitées si les premières salles n'avaient pas été si petites ! J'ai interprété cela comme un choix scénographique, pour nous faire entrer dans l'univers marginale et intime du romantisme noir, mais des salles plus grandes et des oeuvres plus espacées auraient été nettement plus appropriées. Au fil de la visite, cette impression d'étouffement diminue car les salles suivantes sont effectivement plus grandes, on voit mieux les oeuvres, la visite devient enfin agréable.


Bouguereau : Dante et Virgile,1850
Par exemple, j'ai eu beaucoup de difficultés à embrasser du regard la totalité de cette magnifique oeuvre tant il y avait de monde devant, mais aussi du fait de sa situation dans l'expositon, dans une espèce d'alcove assez étroite.

Au-delà de ces inconvénients pratiques, l'exposition est vraiment à voir car la thématique est certes dans l'air du temps mais aussi très intime. Même si on est au milieu de centaines de personnes, les oeuvres choisies par le musée d'Orsay renvoient à des états d'esprit, des sentiments, des chimères et autres rêves enfouis en soi, et peuvent même les réveiller un court instant, comme une étincelle. Les tableaux et quelques sculptures sont tour à tour émouvantes, mystérieuses, érotiques, certaines provoque un malaise, font peur.

Boiffard : Renée Jacobi, 1930



Von Stuck : Le baiser du sphinx, 1895


Le musée d'Orsay a mis en ligne une longue présentation de l'exposition, excellente initiative qui permet à tous de la comprendre.

Beaux Arts Magazine et Dossier de l'Art ont chacun édité un hors-série sur le romantisme noir, qui permet pour 9€ de mieux comprendre les symboles dans les oeuvres et l'athmosphère qui régnait dans l'Europe qui les a produites. La boutique de l'exposition est riche de romans, essais et poèmes du romantisme noir, je me suis laissée tenter par Les Infortunes de la Vertu de Sade.

J'irai sans aucun doute la revoir, quand il y aura un peu moins de monde, fin avril ou début mai, quand l'effet soufflet du lancement sera retombé et le sprint final pas encore lancé.
Le musée d'Orsay pourrait aussi proposer plus de nocturnes, pourquoi pas uniquement pour l'exposition car la configuration des lieux s'y prête, à la manière du Centre Pompidou qui avait très bien réagi pour Dali, exposition qui termine d'ailleurs en apothéose avec un week-end d'ouverture 24h/24 du vendredi 22 mars à 11h au lundi 25 mars à minuit.

J'aime attendre a édité un guide des expositions parisiennes qui indique notamment l'affluence prévisionnelle. Voici leur prévision pour "L'Ange du bizarre, Le romantisme noir de Goya à Max Ernst" :
Ce tableau est issu du guide des expositions parisiennes sans attendre par "J'aime attendre" que vous pouvez télécharger intégralement et gratuitement
http://guides.jaimeattendre.com


Infos pratiques sur l'exposition "L'Ange du bizarre, Le romantisme noir de Goya à Max Ernst" au musée d'Orsay :
Jusqu'au 9 juin
Durée de visite : selon l'affluence et votre courage, en 40 minutes ça peut être vu mais j'y serait bien resté des heures !
Tarifs : 12 €
TR 9,5 € (valable pour tous à partir de 16h30 sauf jeudi et samedi et le jeudi soir après 18h)
Gratuit pour les 18-25 ans résidant en UE
Ouvert de 9h30 à 18h sauf lundi, jusqu'à 21h45 le jeudi

Constance Jacquot

jeudi 14 mars 2013

Gagnez des places pour le Salon du Livre

Je vous propose très simplement de gagner des places pour le Salon du Livre 2013. Pour cela, envoyez-moi votre citation d'artiste préférée à constancejacquot AT gmail.com avant le 17 mars 2013 minuit. Les expéditeurs des citations que je préfère remporteront leur place (le Salon du Livre est gratuit pour les étudiants - 26 ans sur pré-inscription et les - 18 ans).

Le Salon du Livre aura lieu au Parc des Expositions de la porte de Versailles du 22 au 25 mars. Cette édition met à l'honneur 5 thématiques :
  • Les Lettres roumaines à l’honneur
  • Barcelone, ville invitée
  • Rendez-vous au Square culinaire !
  • Art & Trésors de livres
  • La création éditoriale française
www.salondulivreparis.com

J'ai sélectionné quelques événements qui ont piqué ma curiosité:

Les 20 ans de Titeuf

Le petit héros maladroit à la mèche jaune qui ne grandit jamais a pourtant 20 ans. Une exposition lui est consacré tout au long du salon avec la complicité de son créateur Zep et de son éditeur Glénat.







Superman, 1e ère

Superman Anthologie, l'expo !

"Superman est le premier et, sans doute, le plus important des super-héros. Il en a non seulement défini le concept, mais il a également sauvé toute une industrie, celle des comic books, en la faisant entrer dans l’Âge d’Or.
Cette anthologie conçue en fonction des différentes époques de publication présente les multiples incarnations de l’Homme d’Acier : du rebelle en froid avec les autorités au porte-drapeau de l’Amérique de la Nouvelle Frontière. Elle rend également hommage à tous ces créateurs qui se sont succédés aux commandes de cette icône."

=> Parce que j'adore Superman, ses valeurs et le graphisme de ses aventures.

 

Démonstrations d’une presse lithographique

"Tous les après-midi, une presse (des éditions Anthèse) permet de découvrir l’art de la lithographie sur pierre, grâce à la contribution de nombreux artistes et artisans qui réalisent des oeuvres en direct."

=> Parce que je me suis toujours demandée comment fonctionnait la lithographie.


Aventures éditoriales : d'un projet de Beau-Livre à sa réalisation

Vendredi 22 mars de 17h à 18h

Par Samuel Crettenand, éditeur aux Editions CHAMAN

"Une idée, une intuition, une envie. Une rencontre, un voyage, une étude, une quête, une enquête. Des archives, des missions, des mandataires, des prestataires, des compromis, toujours. Des choix, des
hésitations, du savoir-faire, de l'organisation, de la technologie. De la matière ... enfin ! Chronique des naissances aux éditions Chaman."

=> Parce que c'est un métier qui m'intéresse.

 

La Mongolie au fil du présent

Samedi 23 mars de 16h à 17h

Rencontre avec les photographes Lucile Chombart de Lauwe et Sophie Zénon, animée par Valérie Perlès, Directrice d’Albert-Kahn Musée et Jardin, et  Bernard Chauveau Editeur  

"Dans l’Esprit de son fondateur, le musée Albert-Kahn (Boulogne-Billancourt) a invité trois photographes contemporains (Lucile Chombart de Lauwe, Sophie Zénon et A Yin) à livrer leur vision de la Mongolie au prisme des évolutions actuelles que traverse ce pays."

=> Parce que je m'intéresse à la photo et que les photographes sont des artistes-techniciens bien particuliers qui apportent un regard sans pareil sur n'importe quel sujet.


L'imagerie de synthèse au service de l'Antiquité : des Beaux-livres entre classicisme et innovation

Samedi 23 mars de 17h à 18h

Par Samuel Crettenand, éditeur aux Editions CHAMAN


"Longtemps considérée comme une preuve scientifique, la photographie a désormais achevé sa mue numérique. Loin d'être un acte anodin, la publication d'une image de synthèse exerce un étonnant pouvoir de séduction et conditionne notre vision du monde, en oscillation perpétuelle entre fiction et réalité."

=> Parce que je m'intéresse au bouleversements liés aux numérique.


Les étapes de création d'une page manga

Dimanche 24 mars de 16h à 17h

Avec Junko Kawakami (Kana)
"Pendant une heure, Junko Kawakami, mangaka vivant en France, va nous expliquer comment construire une page de manga de A à Z."

 

L'Apocalypse de saint Jean illustrée par la tapisserie d'Angers

Dimanche 24 mars de 14h à 15h

Présenté par Paule Amblard et Diane de Selliers

"Paule Amblard, historienne de l'art spécialiste de la symbolique chrétienne médiévale, présentera l'Apocalypse de Saint Jean et son illustration par la tapisserie d’Angers, chef-d'oeuvre de l'art médiéval. Un éclairage historique et spirituel sur ce texte majeur de la chrétienté et sa représentation artistique."

=> J'ai déja eu l'occasion de suivre la visite guidée autour de cette immense pièce au château d'Angers, elle est pleine de symboles, chaque élément a un sens caché, c'est passionnant.


Infos pratiques pour le Salon du Livre 2013 :
Du 22 au 25 mars
Paris Porte de Versailles – Pavillon 1
Boulevard Victor, Paris 15ème
Horaires :
  • Vendredi 22 mars : 10h - 20h
  • Samedi 23 mars : 10h - 20h
  • Dimanche 24 mars : 10h - 19h
  • Lundi 25 mars : 13h - 19h
Tarif : 10 €
Gratuit pour les - 18 ans
Gratuit pour les étudiants - 26 ans PRE-INSCRIPTION OBLIGATOIRE

mardi 12 mars 2013

Avis sur l'exposition "Sous influences, artistes et psychotropes" à la Maison Rouge

Avis sur l'expo "Sous influences, artistes et psychotropes" à la Maison Rouge à Paris : est-elle à voir ou non ? C'est une excellente occasion de découvrir ce lieu d'exposition parisien du quartier de Bastille, qui est en fait une fondation privée créée à l'initiative du collectionneur Antoine de Galbert en 2004.

Peut-être moins connue d'autres lieux parisiens (d'ailleurs, c'est la première fois que je m'y rendais), cette fondation n'a rien à envier à ses consœurs parisiennes et autres musées plus connus et nous le montre avec cette exposition "Sous influences, artistes et psychotropes" longue, riche, intéressante et accessible à un très large public.

Swinging Corridor de Carsten Höller
Cette exposition de la Maison Rouge présente les travaux d'artistes drogués qui avaient le soucis de transmettre en termes plastiques l'expérience intime de la prise de substances et de ses conséquences.
Le passage entre le hall d'entrée et l'exposition est matérialisé par le Swinging Corridor de Carsten Höller, long couloir sensé prodigué une expérience sensorielle qui fait perdre au visiteur qui la traverse ses repères... Cet effet là n'est vraiment pas réussi, mais la pièce fait office de sas.

A l'entrée brûle de l'encens au parfum d'opium... sauf le jour où j'y suis allée, un dimanche après-midi de forte influence durant lequel l'encens n'avait pas été rallumé.


On découvre au fil des pièces des travaux d'artistes drogués notoires (Cocteau, Artaud, Picabia...) justement "sous influence", des pièces évoquant la consommation de stupéfiants, avec un point de positif ou négatif sur cet acte, des photos représentant justement cette acte de consommation... Malgré sa richesse, j'aurai aimé mieux comprendre le lien entre les effets physiques des drogues, à travers le prisme scientifique (cette part manquait), et l'expression des effets ou du manque de façon plastique.
Yayoi Kusama

American Express de Raymond Hains

Néanmoins, on peu féliciter l'effort de la Maison Rouge de fournir un guide visite de "Sous influences" très complet, pièce par pièce, et d'avoir créer une scénographie à la circulation facile même un jour d'affluence.

Infos pratiques sur l'exposition "Sous influences, artistes et psychotropes" à la Maison Rouge :
Durée de visite : facilement 1h
10, bd de la Bastille (M° Quai de la Rapée)
Ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h
Tarif : 8 € / TR 5,5 €

Constance Jacquot

mercredi 6 mars 2013

Avis sur l'exposition "Yue Minjun, L'Ombre du Fou Rire" à la Fondation Cartier pour l'art contemporain

Avis sur l'exposition "Yue Minjun, L'Ombre du Fou Rire" à la Fondation Cartier pour l'art contemporain : est-elle à voir ou non ? Oui, une superbe découverte.

L'exposition présente plusieurs facettes de l'oeuvre de l'artiste chinois Yue Minjun. On peut distinguer 3 thématiques réparties entre le rez-de-chaussée et le sous-sol de la Fondation Cartier.
Non seulement l'expo est passionnante par son contenu, et de plus le lieu est toujours aussi agréable, avec une scénographie aérée et facile à suivre. La Fondation Cartier nous raconte une histoire au fil des pièces, soutenues par des explications sur papier et encore plus détaillées sur le site.



La répétition et l'absurdité

Le rez-de-chaussée de la Fondation Cartier expose des oeuvres des années 1990. L'autoportrait de Yue Minjun y est omniprésent, d'une peinture à l'autre mais aussi dans chaque composition, répété à l'infini. Il se représente avec un rire qui pousse la torsion de son visage jusqu'à la douleur et l'inhumain.
On imagine facilement que certaines situations tragiques vécues par ce personnage-artiste dans les toiles font référence à des extrémisme et autres aberrations du système chinois.
Les peintures de Yue Minjun sont finalement hyper subversives, avec un traité réaliste, des couleurs très vives, une esthétique que je trouve proche du kitsch ; le mélange est explosif, original et donne du poids au message de l'artiste.
The Execution, 1995

Les relectures d'oeuvres

Le sous-sol de la Fondation Cartier présente les références artistiques de Yue Minjun, à travers les relectures qu'il a fait de certaines oeuvres de la peinture occidentale : ils les détourne en remplaçant les personnages par son autoportrait au rire angoissant.

Yue Minjun a aussi réinterprété des images de l'époque socialiste (représentations, événements...) en effaçant les personnages, laissant les décors ainsi vides.
The Death of Marat, 2002

La destruction de son autoportait

Overlapping series, 2012
La petite salle au sous-sol de la Fondation Cartier contient des tableaux et dessins dans lesquels Yue Minjun a malmené son portrait en le déformant, le recouvrant, le griffonnant, en expérimentant des traités différents. J'ai trouvé cela assez perturbant et déprimant, un peu comme la défaite du rire de l'artiste face à toutes les absurdités et horreurs dénoncées dans ces toiles ; la fin de l'exposition sonne comme un échec.


Infos pratiques sur l'exposition "Yue Minjun, L'Ombre du Fou Rire" à la Fondation Cartier pour l'art contemporain :
Durée de la visite : de 30 min à 1h
Prolongations jusqu'au 24 mars
Horaires : tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 20h, nocturne le mardi jusqu´à 22h
Tarif : 9,50 € / TR : 6,50 €

 Constance Jacquot