mercredi 20 novembre 2013

Erwin Blumenfeld et ses photos de mode au Jeu de Paume

Le Jeu de Paume reçoit Erwin Blumenfeld, photographe de mode iconique des années 40 et 50, pour sa rétrospective la plus complète jamais exposée en France.

Avec une majorité de tirages d’époque, difficiles à rassembler pour cet artiste très côté sur le marché de l’art pour qui les numérisations et tirages modernes sont courants, le Jeu de Paume s’affirme une fois de plus comme un lieu de référence de la photo. Contrairement aux précédentes expositions plus difficiles à aborder, le Jeu de Paume propose ce photographe extrêmement connu et à l’esthétique accessible à tous.

Variante de The Picasso Girl, 1941

Erwin Blumenfeld a eu une vie très riches d’expériences et de découvertes. Né en 1897 et mort en 1969, il a connu toute l’évolution de la photographie, ainsi que les bouleversements historiques des guerres mondiales. L’exposition qui lui est consacré aujourd’hui présente surtout la variété de techniques et procédés qu’il a abordé. Contrairement à ce qui est écrit dans les documents autour de l’exposition, je trouve qu’on ressent assez peu l’impact de l’histoire sur son travail, à l’exception de son montage allégorique d’Hitler daté de 1933, Gueule de l’horreur ; il a toujours su mettre au profit de sa carrière ses émigrations successives.

Erwin Blumenfeld a marqué l’histoire par son travail en tant que photographe de mode pour le groupe de presse Condé Nast et particulièrement ses titres Vogue et Harper’s Bazaar. Ce style photographique peut paraître figé et aseptisé, plus « pratique » qu’artistique, et l’exposition permet justement de comprendre toute l’évolution et la réflexion artistique de ce type de photographe à travers l’exemple de la carrière de Blumenfeld, présenté ici chronologiquement.

L’exposition s’ouvre sur ses dessins et collages de jeunesse qui montre un fort attrait pour les dadaïstes. On découvre ensuite ses autoportraits, réalisés sur un ton récréatif, puis ses premiers nus et portraits, objets d’expérimentations de techniques et de procédés créatifs comme la solarisation (inversion des valeurs lumineuses sur une zone de l’image), la surimpression (superposition d’image), le photogramme (image photographique obtenu en plaçant des objets sur le film, puis à la lumière, c’est-à-dire sans appareil photo). Au-delà de la simple compréhension de l’artiste, l’exposition est aussi une source d’inspiration pour tous les artistes qui la visitent, à travers cette multitude de supports et de techniques.

Cecil Beaton, 1946 - Une solarisation d'Erwin Blumenfeld

Une salle, la plus inattendue, expose ses photographies d’architecture, très originales par les cadrages extrêmes et les contrastes exacerbés. Enfin, on voit évidemment les œuvres qui l’ont rendu célèbre, ses couvertures de magazine et autres photos de modes en noir et blanc, certaines en couleurs, dans un style minimaliste qui lui est particulier.

Mode-Montage vers 1950
Trois profils, 1952
Gueule de l'Horreur, 1933
The women serve, Harper’s Bazaar, 1943
Couverture Vogue, 1950

Aussi intéressante qu’elle soit, l’exposition Blumenfeld témoigne surtout d’une carrière et d’une maîtrise technique, qui peut laisser tout à fait froid ; j’ai ressenti peu d’émotion se dégager des clichés. De nombreuses photos sont de petits formats, et le lieu qu’est le Jeu de Paume, d’une neutralité sans aucun charme, ne les met pas spécialement en valeur, si visu-affbien que certains esprits pragmatiques affirmeront que l’exposition n’apporte pas de plus-value et que la lecture du catalogue est tout aussi intéressante (catalogue à 35 €, malheureusement le Jeu de Paume ne propose pas de petites publications plus digestes et abordables).

Néanmoins, le Jeu de Paume compte parmi l’un des quelques lieux d’exposition visitable sans réservation et sans foule en ce moment. Seulement 10 minutes d’attente un après-midi de week-end, et une circulation aisée dans les salles, une visite qui peut se faire dans le calme et la concentration, alors que les blockbusters du musée d’Orsay, du Grand Palais et de l’Orangerie sont absolument saturés.
D’autre part, le prix d’entrée est très raisonnable et des visites conférences, sans supplément de prix, sont proposés le mercredi et le samedi à 12h30.

Infos pratiques pour visiter l’exposition Erwin Blumenfeld au Jeu de Paume :


Jusqu’au 26 janvier 2014
Durée de visite : 45 minutes
Une application à télécharger vous guide dans la visite. Les dépliants disponibles sur place sont déjà longs et complets. Vous pouvez aussi consulter le dossier pédagogique, documenté et facile à comprendre.
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 19h, nocturne le mardi jusqu’à 21h
Tarif 8,5 € / TR 5,5 € (gratuit le dernier mardi du mois à partir de 17h pour les -26 ans et les étudiants)

Plus d’informations : Site du Jeu de Paume

Constance Jacquot
Article publié sur Mother Shaker

dimanche 10 novembre 2013

La fondation Miró de Barcelone, immersion complète dans l’univers de l’artiste

La fondation Miró de Barcelone est un espace d’exposition exceptionnel et impressionnera les passionnés de culture par son histoire et son ampleur.

Les amateurs de l’artiste ressortiront comblés, mais il nécessaire d’avoir des notions artistiques ou tout simplement une certaine ouverture d’esprit pour accepter et apprécier les œuvres de Miró lorsqu’on est novice, au risque de passer à côté de la beauté de ses œuvres et de n’y voir que des dessins puérils. Miró est l’un des plus grands artistes catalans et provoque des réactions fortes, soit on adore, soit on déteste, à la manière de la grande figure artistique de Barcelone, Gaudì.

La Fondation Miró ©Pere Pratdesaba

Miró s’est attaché tout au long de sa carrière à assurer la transmission de son travail et à conserver une importante collection personnelle, qu’il a centralisé dans cette fondation privée. Ouvert en 1975, alors qu’il n’y avait pas de centre d’art contemporain à Barcelone, cet établissement fait figure de pionnier et consacre depuis son espace d’exposition temporaire à un artiste vivant.

La fondation Miró de Barcelone est un voyage exhaustif dans son œuvre, de manière chronologique et thématique, qui complété par l’audio guide (5 €) permet de comprendre les étapes de son travail et de décrypter son œuvre.

Miró a travaillé plusieurs techniques, support et styles. De salle en salle sont présentés alternativement ses toiles, dessins, tissages, impressions, peintures, sculptures. Son œuvre appartient principalement à l’expressionnisme abstrait mais on découvre aussi quelques pièces figuratives. Cela représente une masse d’informations passionnantes mais difficile à ingérer en une seule visite (certains pourront reprocher le manque de synthèse du parcours), j’y suis restée 2h et je n’ai pas tout vu.

La visite est en tout cas très agréable car l’affluence est faible en basse saison (mais beaucoup plus importante en haute saison, m’a-t-on dit) et le bâtiment lui-même vaut d’être vu, pour son architecture originale et les sculptures disséminées sur les terrasses et dans les jardins. Situé sur le Montjuïc, colline à l’est de la ville sur laquelle équipements olympiques modernes côtoient des villes pierres, on y profite d’une imprenable vue sur Barcelone.

Personnage 1970
© Pere Pratdesaba
Le toit de la Fondation Miró
La Famille 1924
Peinture Figures Rythmiques 1934

Infos pratiques pour visiter la fondation Miró de Barcelone :


Durée de visite : de 1h à la journée pour les plus mordus !
11 € / TR 7 €, c’est cher mais ça les vaut vraiment ( l’entrée est inclus dans certains passion de la ville notamment le très bon Articket, 6 musées pour 30€)
De 10h à 19h sauf lundi (jusqu’à 20h l’été), nocturne jusqu’à 21h30 le jeudi, fermeture à 14h30 le dimanche.

Plus d’informations : Site de la fondation Miró

Constance Jacquot
Article publié sur Mother Shaker