jeudi 18 décembre 2014

Niki de Saint Phalle aux galeries du Grand Palais


Si vous associez Niki de Saint Phalle à de grosses bonnes femmes d'un goût incertain, vous vous êtes encore fait avoir par les médias, le merchandising et la culture de masse. Il est tout à fait possible de partir avec un à priori négatif de cette artiste quoi qu'on en dise incontournable et d'être stupéfait de son engagement créatif... à défaut on pourra critiquer en connaissance de cause.

L'exposition Niki de Saint Phalle au Grand Palais retrace sa carrière de manière rétrospective et démontre salle par salle la richesse expansive de sa créativité.

Je citerais comme période particulièrement marquante celle des Tirs qui lui ont valu d'être invitée à rejoindre les Nouveaux Réalistes en 1961. Ces œuvres sont des sculptures combinées de plâtre et d'objets hétéroclites, à la manière de combine paintings, sur lesquels Niki de Saint Phalle tirait avec des cartouche de peinture. Le geste est violent bien qu'inoffensif et fera l'objet de performances filmées, qui sont la "première vie" de ses œuvres, avant qu'elles ne soient exposées en tant que peintures et sculptures.


Des "tirs" de Niki de Saint Phalle

Pour en revenir aux Nanas, cette rétrospective leur redonne tout leur sens, vulgarisé par leur utilisation expansive dans les lieux publics et sur les mugs sans autre approche artistique : les Nanas sont en fait le symbole éclatant du féminisme engagé de Niki de Saint Phalle qui fut pourtant mannequin, épouse et mère. Elle croyait en une société matriarcale et disait que si les femmes dirigeait le monde, il serait impossible que la faim existe, car une femme ne laisse personne mourir de faim.

Niki de Saint Phalle est bien présentée dans cette rétrospective en tant qu'artiste et en tant que femme, toute son âme et ses émotions sont perceptibles dans ces œuvres brutes et brutales, par leur propos, par le travail autodidacte. Elles sont vivantes et charnelles et stimulent les sens même si finalement on ne fait que les regarder.

Le Rêve de Diane, Niki de Saint Phalle, 1970


Un paradoxe m'a beaucoup touché chez cette artiste : son formidable combat féministe se superpose avec sa sensibilité romantique et fragile.

Why don't you love me, Niki de Saint Phalle, 1968

Les galeries du Grand Palais sont un lieu d'exposition comme toujours très prisé, aussi je recommande bien sur l'achat d'un billet à l'avance et de venir le soir. Les pièces sont grosses et la circulation plutôt fluide dans les salles, l'affluence ne devrait cependant pas vous gâcher la visite.

Une dernière pour la route, le Grand Obélisque :


Infos pratiques pour l'exposition Niki de Saint Phalle au Grand Palais :

Jusqu'au 2 février 2015
De 10h à 20h dimanche et lundi, de 10h à 22h du mercredi au samedi
Tarif 13€, TR 9€

Durée de visite : 1h, 1h30 s vous regardez toutes les vidéos

Site de l'exposition

Constance Jacquot

dimanche 7 décembre 2014

La Fondation Vuitton : je suis venue, j'ai vu, et je suis repartie


La Fondation Louis Vuitton a fait du bruit avec son inauguration en grandes pompes qui a sans aucun doute convaincu les invités de la splendeur de l'architecture et de son style incomparable pour accueillir de beaux évènements.

Un exemple d'esthétique au détriment du pratique


De beaux volumes, des terrasses superposées qui permettent d'apprécier l'architecture des voilures du bâtiments et la vue le bois et la skyline de La Défense, de grandes ouverture qui baignent les espaces circulatoires de lumière, des bassins sophistiqués et des matériaux de qualité : tout est réuni pour en faire un lieu de réception d'exception, mais pas un centre d'art qui accueillerait des milliers de visiteurs chaque jour.




La Fondation Louis Vuitton cumulent des désavantages pour l'accueil du public, si bien qu'on se demande si elle a été conçue pour le public ou le privé. Il n'y a pas de signalétique et aucun sens de circulation à travers les espaces et expositions, certainement pour conserver l'esthétique immaculée du lieu mais au détriment évident des visiteurs.

J'ai eu le plaisir -plaisir malgré tout- visiter la Fondation Louis Vuitton un week-end quelques semaines après son ouverture et ai été agréablement surprise par l'attente plutôt courte : 30 minutes d'attente pour acheter un billet et entrer un dimanche après-midi. Ce serait certainement encore plus rapide si l'entrée n'était pas des portes à tourniquet, une idée débile pour un bâtiment recevant tant de visiteurs...

Splendide art contemporain


La programmation est exigeante mais passionnante pour les amateurs d'art contemporain, entre les œuvres conçues sur commande (notamment l'impressionnante réalisation d'Olafur Eliasson) et les expositions.

L'accrochage va tourner durant tout cette année d'inauguration et a commencé avec des noms aussi prestigieux de Gerhard Richter, Pierre Huyghe, Bertrand Lavier et Christian Boltanski, entre autres. Et quel plaisir d'apprécier la série "Stripes" de Gerhard Richter dans une salle immense et immaculée tellement propice à la contemplation artistique.

L'installation d'Olafur Eliassion à la Fondation Louis Vuitton

L'exposition Frank Gehry


La Fondation met à l'honneur son architecture avec une exposition consacré à sa construction, à travers des plans et maquettes. La scénographie est insipide et les pièces présentées plutôt aride. Il en est difficile d'accrocher au sujet. L'exposition que consacre le Centre Pompidou à Frank Gehry est beaucoup plus accessible et riche en retrançant l'ensemble de sa carrière (site de l'exposition).

Informations pratiques sur la Fondation Louis Vuitton


Une application Android / Apple  pour apprendre à regarder le bâtiment et en savoir plus sur les œuvres est téléchargeable gratuitement et vous fera un support de visite très pratique et complet.

Durée de visite : 1h pour voir les expositions plus 1h pour la balade architecturale

Tarif : 14€, moins de 26 ans 10€, chômeurs 5€

Site de la Fondation Louis Vuitton

Constance Jacquot

samedi 2 août 2014

Pop, fun et coloré : la rétrospective Martial Raysse au Centre Pompidou

La rétrospective de Martial Raysse organisée dans les galeries du Centre Pompidou est l'expo divertissante de l'été, riche, variée, esthétiquement belle et bien climatisée.

Sa carrière des années 60 à aujourd'hui se découvre à travers 200 œuvres dans un étonnant foisonnement créatif. Martial Raysse a matérialisé son regard sur la société contemporaine par le moyen de peintures, sculptures, installations, films, avec des supports et des techniques détournés individuellement ou combinés entre eux.

Portrait à géométrie convexe - 1964
La toile est convexe car plus épaisse dans 2 angles
Raysse Beach - 1962
Installation "balnéaire" à l'époque où les loisirs ne cessent de croîtrent
Tableau cassé - 1964
Par le titre, Martial Raysse donne plus d'importance au support qu'au sujet
La surface des eaux - 2009
Graphite, aquarelle, papier, bois, miroir
Triangle - 1973-74
Trois morceaux de bois peint dont la sobriété et l'abstraction prennent au dépourvu
Identité, maintenant vous êtes Martial Raysse - 1967
Installation vidéo qui projette en directe ce qui est devant l'oeuvre


A côté des peintures éclatantes et monumentales, la galerie de sculptures farceuses de Martial Raysse

L'entrée est chère (13€ / 10€ en TR) mais cette expo vaut la peine et en met plein les yeux. La visite est calme et l'amplitude des horaires d'ouverture permet d'éviter l'affluence, mais de toutes façons les grandes salles immaculée de Beaubourg se prêtent très bien à la foule.

Martial Raysse est un artiste autodidacte pop art avec une grande influence des nouveaux réalistes. Les couleurs sont franches et vives, il sublime des objets de consommation courante sans valeur tels que des emballages, des néons. Une mouche se glisse de temps à autre sur un tableau, comme pour nous rappeler l'éphémérité et la putréfaction.

Arbre - 1959-60
Assemblage d'emballage et objets divers
America America - 1964
Life is so complex - 1964
L'espace de l'oeuvre est fluctuant pour gêner la perception du spectateur

La France verte - 1963
Avec une mouche collée sur le front


L'exposition s'ouvre sur les toiles les plus connues de Martial Raysse, réécritures d’œuvres de grands maîtres par combination de peinture et de sculpture. Les oeuvres originales sont dénaturées par le style kitsch totalement pop art. J'ai vu dans ce geste la volonté de ramener à nous la culture classique.

Made in Japan - La Grande Odalisque - 1964
d'après Ingres
Suzanna, Suzanna - 1964
d'après Tintoret
Dans la partie supérieure gauche vide de la toile est projetée un petit film du vieillard qui guette Suzanne (mis en scène par raysse, joué par Arman)
Made in Japan - 1963

Re mon cher maître - 2007

Les dernières salles présentent ses peintures monumentales, comme cette scène grandiose où l'action se déroule dans le microscopique comme le macroscopique, enfermée dans une pièce de 9 mLa Folie Antoine (1999).



Pour en parler alors qu'en fait on était à la plage :


  • Je trouve toujours très intéressant d’avoir l'opportunité d'embrasser ainsi toute la carrière d'un artiste, surtout dans le cas de Martial Raysse dont la production a été extrêmement varié et qui est encore vivant et nous surprendra peut-être.
  • Tu devrais y aller, tu reconnaîtras certainement une partie des oeuvres, les thèmes sont faciles à identifier, et en plus, esthétiquement, c'est facile d'accès.
  • Savais-tu que Martial Raysse a aussi fait de la vidéo ? C'est totalement à l'image de ses peintures, kitsch voire psychédélique.

Et une dernière, parce qu'elle est drôle :

Salauds - 1974

Informations pratiques sur l'exposition Martial Raysse au Centre Pompidou :


Jusqu'au 22 septembre
Ouvert de 11h à 21h, le jeudi jusqu'à 23h - Fermeture le mardi
13€ / TR 10€

Durée de visite : 1h30

Constance Jacquot

mercredi 16 juillet 2014

"Tatoueurs tatoués" au musée du quai Branly, l'expo à voir avec ou sans tatouage

Le musée du quai Branly propose jusqu'au 18 octobre l'expo Tatoueurs tatoués sur l'art du tatouage de part le monde, à travers une approche technique, historique, géographique et symbolique.

Le tatouage reste un art extrêmement introspectif sur lequel il ne me semble pas possible d'être exhaustif. C'est ce qui manque à cette exposition sinon très bien faite : le lien entre ce qui est encré et l'esprit n'est que très partiellement expliqué, la symbolique n'est abordé que très globalement. Les visiteurs tatoués/futur taoutés pourront peut-être (re)questionner le rapport du motif à leur propre corps.

L'expo Tatoueurs tatoués est très didactique, avec beaucoup à voir et à lire, dans une approche région par région et siècle par siècle de cette pratique millénaire mais éloignée de notre culture occidentale (en effet, le christianisme l'a longtemps utilisé comme marquage et signe d'exclusion). Les pionniers de chaque pays sont présentés en images avec leurs caractéristiques, plutôt propre à la culture du pays qu'à un graphisme personnel.

C'est un art qui a connu l'une des plus anciennes mondialisations, et la circulation des influences d'une partie du monde à l'autre est tangible au long de la visite. On sent nettement que les artistes les plus récents se libèrent de leurs influences ancestrales pour produire une oeuvre autonome et internationale.

Portraits de voyous, criminels et militaires tatoués



Encore inaccessible dans les années 70, le tatouage est une pratique artistique et de mode (1 français sur 10 est tatoués) avec ses courants et ses stars, très médiatisé mais peu reconnu en tant qu'art par le grand public. C'est toute la volonté de l'exposition qui présente le travail de tatoueurs contemporains de renommée internationale sur des mannequins en latex, et met ainsi en exergue toute la richesse de leur influence et la complexité de leur graphisme.


Les grands tatoueurs à travers les siècles


Machine à tatouer - Angleterre - fin des 50's

Les phrases pour se la péter sans même se déplacer :

  • C'est un signe fort d'avoir choisi un tatoueur reconnu comme Tin-Tin à la direction artistique de l'exposition, ça marque vraiment la volonté d'amener le tatouage vers une "institutionnalisation" (expression entendue en vernissage -true story) 
  • Cette exposition vient élever le niveau du débat autour du tatouage en tant qu'art et nous permet de mieux le comprendre pour mieux l'accepter.
Il paraît qu'il y a beaucoup de monde le week-end, mais en y étant allée durant l'un des 3 soirs de nocturne la visite est hyper calme.

Info pratiques sur l'exposition Tatoueurs Tatoués au musée du quai Branly :


Jusqu'au 18 octobre
Mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h ; Jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h
9 € / TR 7 € / Gratuit pour les - 25 ans

Durée de visite : 1h

La présentation très détaillée de l'exposition sur le site du musée du quai Branly

Constance Jacquot

lundi 30 juin 2014

Expo Bill Viola au Grand Palais : la démonstration indéniable que la vidéo est un art

On peut être grand habitué des expositions d'art moderne et contemporain et ne rien connaître à la vidéo. Pire, imaginer que c'est une discipline d'"outsider", aux contenus suffisamment déjantés pour étonner le grand public mais à la technicité bien loin de celle du grand cinéma. C'était exactement mon cas avant de "prendre le risque" d'aller à l'expo Bill Viola et de découvrir son travail foisonnant et bouleversant.

Cette exposition est un évènement en elle-même car il s'agit sans doute de la plus grande rétrospective consacrée à l'art vidéo, et le Grand Palais tient ici un véritable rôle culturel et intellectuel en amenant le grand public, qui foulerait ses galeries peu importe l'exposition, vers cette discipline. 
C'est aussi une rétrospective de l'artiste Bill Viola, qui incarne dans son évolution et sa carrière toute l'histoire de l'art vidéo, techniquement et spirituellement.


Le choix du mot spirituel n'est pas un hasard car le travail de Bill Viola en est imprégné. Il définit lui-même son travail comme "sculpter le temps"1 et compare la caméra à un second œil pour "réapprendre à regarder"1. Chaque image qui se déroule de la bande a son importance propre même dans le défilement et invite à être scrutée et exploré. C'est un univers qui se donne pour 1/25e de seconde et nous force à s'ancrer dans le temps présent. Le propre de l'être humain est de divaguer à travers les trois temps dont il a - trop ? - conscience et de nombreuses pratiques méditatives et spirituelles nous aident à revenir et vivre ici et maintenant, on peut tout à fait voir l'art vidéo comme une de plus. D'où l'importance d'aller visiter cette exposition du Grand Palais à des heures creuses pour réussir ce voyage introspectif.

Cette temporalité est très marqué dans le travail de Bill Viola notamment dans la distorsion qu'il impose. Marche sur place des personnages, répétition des actions, lenteur, boucle fermée imperceptible... Ca pousse les plus impatients d'entre nous à l'exaspération mais nous tient et nous force à ralentir à ce rythme, bien plus qu'une peinture par exemple, beaucoup passive. 

Plus concrètement, l'oeuvre de Bill Viola nous parle de la mort, du rêve, de ce qu'il y a entre les deux, de la solitude, de la connexion entre les êtres, avec bien sûr beaucoup de référence à son traumatisme d'enfant lorsqu'il a frôlé la noyade. Ces thèmes universels touche tous les publics. De plus, la mise en scène de l'exposition impressionne : quand les vidéos ne sont pas projetés à des formats gigantesques et inhabituels, c'est leur densité dans une même salle, ou leur positionnement surprenant, qui choque le spectateur. Et je précise que l'écrasante majorité des vidéos sont projetés et non diffusée sur écran : ce "rebond" est pour moi indispensable pour ne pas imposer l'image au spectateur et lui laisser sa réflexion déliée (contrairement à la télévision).

Going forth by day - 2002 © Bill Viola
Une oeuvre très photographique et surréaliste

Man and Woman searching for immortality © Bill Viola

Les phrases pour frimer sans y aller :


  • Les thèmes de Bill Viola sont à la fois uniques et universels, il tente de nous faire attraper le temps et nous montre comment on est impuissant.
  • J'ai été fasciné par l'image dual qu'il donne à l'eau, source de vie et cause de mort... Mais qui tient aussi certains de ces personnes ages entre les deux !
  • L'art vidéo, je ne connaissais pas et n'y croyais pas, et là avec Bill Viola c'est un artiste majeur du mouvement et en plus il te tient vraiment en haleine pendant les 20 minutes que dure certaines de ses œuvres. Tu as déjà regardé un tableau pendant 20 minutes, toi ? Et bien Bill Viola tu le fais.

Fire Woman - 2004 © Bill Viola

Y penser :


  • On regrette vivement le peu d'information donné par le Grand Palais, aussi universels puissent les thèmes de Bill Viola être : dépliant de présentation succinct et même pas de dossier pédagogique sur le site...
  • L'expérience de l'exposition Bill Viola se fait par une température très fraîche dans les galereis du Grand Palais.

Informations pratiques sur l'exposition Bill Viola au Grand Palais :


Jusqu'au 21 juillet 2014 - de 10h à 22h, dimanche et lundi jusqu'à 20h, fermé le mardi
>> Privilégiez une visite à partir de 19h30 !
Durée de visite : 2h minimum
13€ / TR 9€ >> Il n'est pas indispensable de réserver son billet pour une visite le soir sinon c'est fortement recommandé
Inadaptée aux enfants, ils vont vous déranger et déranger les autres.

1 Extraits des citations dans les galeries de l'exposition
Source des photos : ici, ici, et ici


mardi 13 mai 2014

Que verrez-vous à l'exposition "Indiens des Plaines" au musée des arts primitifs ?

Le musée du quai Branly propose une exposition belle et facile sur les traditions esthétiques des Indiens des plaines des Etats-Unis. Le musée nous avait habitués à des sujets beaucoup plus pointus et présente cette fois un sujet qui résonne beaucoup plus dans nos esprits d'européens car nous avons tous été nourris d'images de ses indiens à longues plumes bicolores et de ses motifs Apache jusque dans les rayons de H&M.


La promesse est tenue. L'exposition s'ouvre sur des création contemporaine et le regarde des artistes Indiens d'aujourd'hui par le biais de motifs ou de techniques traditionnels (c'est d'ailleurs la partie la plus intéressante). Ensuite, les salles nous emmènent à travers l'histoire des différents peuples et l'évolution de leurs créations. Bijoux, objets sacrés, vêtements, outils, divertissement : leur création est exhaustivement présentée. On reste rêveur face à certaines représentations mystiques et curieux de toute cette symbolique dont le sens échappe tout à fait à nos esprits.

C'est là que malheureusement se situe aussi la faiblesse de l'exposition : on pourrait être fascinés par la connexion qu'entretenaient les Indiens avec la nature et l'au-delà, mais aucune clé n'est donné au long de l'exposition pour comprendre ni même pour décrypter la spiritualité de ses peuples. Il faut pour cela s'acquérir du catalogue, évidemment, et c'est très dommage. J'en ai gardé un goût amer d'incomplétude qui laisse finalement ce sentiment : l'exposition est jolie et facile, mais sans plus.
On garde l'impression de rester dans le cliché et surtout le consensuel : l'histoire tragique de ces peuples, les guerres, l'extermination et le "parcage" en réserve d'aujourd'hui sont complètement éludés.

Coiffe, vers 1830, artistes Osages, Kansas
J. Okuma, chaussures sabots, 2014

Cape d'apparat, population Sioux Mandan

Votre visite du musée des arts primitifs se rattrape plutôt sur l'exposition Tatoueurs Tatoués qui est en revanche très bien documentée.


Informations pratiques sur l'exposition "Indiens des Plaines" au musée des arts primitifs :


Jusqu'au 20 juillet 2014 - Mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h ; jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h
Durée de visite : 45 min
L'affluence est faible sur cette exposition. La visite se prête très bien à toute la famille. Il existe un livret jeu pour les enfants ainsi qu'un dossier pédagogique rudimentaire.
9€ / TR 7€ et de nombreuses gratuités notamment pour les -25 ans

L'exposition sur le site du musée des arts primitifs

Photos : de très belles images dans cet article, et aussi ici

Constance Jacquot

dimanche 11 mai 2014

L'exposition d'Henri Cartier-Bresson au Centre Pompidou : un siècle d'histoire en photographies

L'exposition d'Henri Cartier-Bresson au Centre Pompidou est sans conteste l'une des expo parisiennes immanquables de l'année.


Henri Cartier-Bresson (1908-2004) est un emblème de la photographie française. Il a traversé le XX° siècle et immortalisé de nombreux évènements marquants, sous un angle non-consensuel et en imposant son regard.

Beaucoup de public est accueilli dans cette expo à Beaubourg, ce qui gêne la visibilité des pièces de petit format à certaines heures. Heureusement, la gestion du flux de visiteurs est intelligente : le temps d'attente est indiqué à l'entrée du Centre Pompidou, la queue est minutée à l'entrée de l'exposition et on peut lire la biographie du photographe sur quelques mètres de mur en patientant. Et surtout, le musée est ouvert jusqu'à 23h, après 19h le week-end et 20h30 en semaine, la visite est très tranquille.

L'exposition est à la fois chronologique et thématique, et transmet la richesse de la vie de Cartier-Bresson et la variété de son travail. De son vivant, il supervisait ses expositions et uniformisait les tirages ; le choix des regroupements dans la scénographie de cette rétrospective casse cette unité. Les salles ne se ressemblent pas, j'ai particulièrement été touché par les photographies surréalistes et abstraites, et par celles des grands événements de l'histoire.

Le surréalisme dans les photographies d'Henri Cartier-Bresson


Henri Cartier-Bresson, Livourne, 1933

L'instant était décisif


Grâce à son ouverture intellectuelle, ses voyages et son attrait pour plusieurs disciplines créatives dès la jeunesse -avant de devenir photographe, il a touché en amateur à la peinture et au dessin-, il fréquente rapidement le milieu artistique dont les surréalistes.

Le surréalisme est subtil dans ces clichés : les corps sont déformés, le sujet du rêveur est récurrent, la déambulation et le jeu sont souvent représentés. Une série prend comme sujet des objets et personnes empaquetés et voilés, en créant le suspense, dans une espèce d'érotisme de l'objet. Il nous sensibilise à l'attitude et au hasard, valorisé comme une "magie circonstancielle", car en photographie le hasard est objectif car il constitue les arrière-plans.

Un autre point de vue sur l'actualité



Le couronnement de George VI le 12 mai 1937

Libération du camps de Dessau en 1945

Dans sa longue carrière, Henri Cartier-Bresson s'est impliqué dans une photographie sociale, visant à dénoncer les plus démunis. Son engagement est même politique : il est actif en 1936 dans l'Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires, a travaillé pour le journal communiste Le Soir pour lequel il a fourni des clichés des premiers congés payés, a immortalisés les camps à la sortie de la seconde guerre mondiale, entre autres.
Ces photographies de presse et des grands événements m'ont semblé les plus intéressants, par exemple celles du couronnement de George VI en Angleterre sur lesquelles il choisit d'immortaliser le public plutôt que l'action elle-même et nous oriente notre regard différemment.


Les phrases pour faire genre-je-l'ai-vu-alors-qu'en-fait-non :


  • "Les tirages sont vraiment petits, va boire un verre chez Georges avant d'y aller, pas avant 21h30, sinon tu ne vois rien."
  • "Il a vraiment immortaliser des morceaux d'histoire qu'on n'apprend pas dans les livres, comme les premiers congés payés, avec des gens sur la plage, c'est passionnant."
  • "Cartier-Bresson tient de l'artistique et du reportage à le fois, quelle polyvalence et quel talent !"

Informations pratiques sur la rétrospective d'Henri Cartier-Bresson au Centre Pompidou :


Jusqu'au 9 juin 2014

Horaires : du mercredi au dimanche de 11h à 23h
Tarif : de 9€ à 13€, les prix des pass annuels commencent à 18€

Durée de visite : 1h15


Constance Jacquot