lundi 22 octobre 2012

Avis sur l'expo "Bertrand Lavier, depuis 1969" au Centre Pompidou

Avis sur l'expo "Bertrand Lavier, depuis 1969" au Centre Pompidou : est-elle à voir ou non ?

A voir, car Bertrand Lavier est un artiste contemporain aux multiples facettes, qu'on ne peut classer dans un mouvement tant ses oeuvres sont variables. Elles surprennent et suscitent des interrogations : on ne comprend pas pourquoi, mais la recherche est plutôt ludique que frustrante. Bernard Lavier crée des court-circuits* en associant des objets ou des techniques inattendues.

Cette rétrospective de Bertrand Lavier au Centre Pompidou présente les différents types de travaux artistiques qu'il a entrepris depuis le début de sa carrière.
Il débute durant ses études en horticulture avec le land art.  L'exposition s'ouvre avec ses oeuvres des années 80 autour de l'addition et de la greffe.
Brandt/Hafner, 1984 (un réfrigirateur sur un coffre fort)
avec en arrière plan un souffleur de feuilles en suspension au dessus d'un meuble art déco






Un Calder sur un Calder
Bertrand Lavier a également produit des oeuvres qui sont des détournement d'objets industriels, ce qu'on peut apparenter au ready made, comme avec cette voiture Alfa Romeo Giulleta : elle est devenue oeuvre d'art dans son état d'origine, sans autre modification que la garder impeccablement propre, seul le bare-brise est changé et cassé à chaque exposition.

Bernard Lavier transpose différentes techniques artistiques sur une seule oeuvre, par exemple avec ce diptyque, une photo de peinture rouge recouverte à moitié justement de peinture rouge.
Crimson, 1986
Bernard Lavier s'oppose au credo que chaque technique, peinture ou sculpture par exemple, doit s'exalter dans sa spécificité. Il choisit de les mêler.

*Expression utilisée dans l'interview de Bernard Lavier dans le numéro 340 de Beaux Arts Magazine d'octobre 2012 par Fabrice Bousteau. Voici d'autres extraits illustratifs du regard de Lavier sur son travail et l'art contemporain :

"Un Van Gogh, c'est un chef d'oeuvre... à la limite de n'être pas très bon. A la limite de la catastrophe. En art, le meilleur, c'est ce qui flirte souvent avec la catastrophe."

Par rapport au droit moral des artistes et aux questions juridiques : "Je crois plutôt que la compagnie Campbell's auraient dû verser des royalties à Warhol. Les artistes ont surtout le devoir de faire ce qu'ils veulent."

"Je suis opposant à l'art contemporain et un partisan de l'avant-garde. [...] L'avant-garde, c'ets un esprit de recherche, d'artistes, de collectionneurs et d'amateurs passionnés et cultivés. Elle concerne des gens de tous horizons, avec un esprit très pointu, exigeant. Il est facile de penser que l'esprit d'avant-garde a fait son temps, qu'il est obsolète et qu'il cède à la place de l'art contemporain. Mais ce dernier est devenu un genre très similaire en définitive à ce qu'on appelle la "déco". Il est peuplé de gens qui ne s'intéressent pas vraiment à l'art, si ce n'est pour le statut social qu'il offre."

J'ai beaucoup de mal à trouver ma place dans cette dernière citation en tant que simple amateur d'art, même si je suis d'accord avec le propos. En tant que point de vue d'artiste, il a quelque chose d'extrême.

Infos pratiques de l'expo "Bertrand Lavier, depuis 1969" au Centre Pompidou
Du 26 septembre 2012 au 7 janvier 2013
Tlj sauf mardi de 11h à 21h
Temps de visite : 30 min
Tarifs : 13€, réduit 10-11€
Je rappelle que les passes du Centre Pompidou proposent des tarifs très intéressants (pour les jeunes, il est amorti en moins de 3 expos)

Pensez au Centre Pompidou Virtuel pour en savoir plus sur Bertrand Lavier : http://www.centrepompidou.fr/cpv/

Constance Jacquot

Avis sur l'expo d'Adel Abdessemed "Je suis innocent" au Centre Pompidou

Avis sur l'expo d'Adel Abdessemed "Je suis innocent" au Centre Pompidou : est-elle à voir ou à ne pas voir ?

A voir sans aucun doute ! Qu'on aime ou pas, il faut reconnaître la redoutable efficacité de ces oeuvres contemporaines auprès du public.




Adel Abdessemed est un artiste contemporain qui jouit d'une grande reconnaissance à 41 ans à peine. Il a déjà exposé au PS1 MoMA à New-York, au MIT à Boston, a eu pour galeriste Kamel Menour et a aujourd'hui pour mécène François Pinault.
Décor, série de 4 sculptures en fil barbelé, 2011-2012

Adel Abdessemed est décrit comme un artiste qui se nourrit de l'actualité et de l'histoire contemporaine pour la transcender à travers la violence et la destruction. J'ai retrouvé douleur et pessimisme dans cette exposition "Je suis innocent". Son oeuvre est plutôt facile à comprendre et donc assez grand public. Le premier contact est frappant et on saisit rapidement, voire immédiatement, le contexte socio-politique et le message "métaphysique" de l'oeuvre. C'est un aspect critiquable du travail d'Adel Abdessemed mais qui pour ma part m'a apporté beaucoup de satisfaction en tant qu'amateur. Les oeuvres parlent à tous et suscitent l'émotion.
Hope, 2011-2012
Cette oeuvre symbolise évidemment les désastres humains de l'immigration clandestine.
L'exposition d'Adel Abdessemed est dans la galerie sud au niveau de la piazza Beaubourg et s'ouvre sur l'extérieur et notamment sur les sdf, installés le long des baies vitrées comme un écho aux oeuvres.
Wall, drawing, 2006
Des cercles nets et parfaits, construits avec du fil barbelé semblable à celui de Guantanamo, symbole universel de douleur.

Les oeuvres les moins accessibles seront sans doute les courtes vidéos jouées en boucle et très sonores.

Infos pratiques sur l'expo d'Adel Abdessemed "Je suis innocent" au Centre Pompidou :
Du 3 octobre 2012 au 7 janvier 2013
Tlj sauf mardi de 11h à 21h
Durée de visite : 20 minutes
Tarifs : 13€, réduit 10-11€ (donne accès à toutes les expositions du Centre Pompidou et au musée)
Les passes annuels proposent des prix très intéressants (pour les jeunes, elle est largement amortie en 3 visites)

N'hésitez pas à compléter votre visite sur le Centre Pompidou Virtuel : http://www.centrepompidou.fr/cpv/ Le site est à améliorer mais c'est une très belle initiative.

Constance Jacquot

dimanche 21 octobre 2012

Avis sur l'expo "Le cercle de l'Art Moderne, Collectionneurs d'avant-garde au Havre" au musée du Luxembourg

Avis sur l'expo "Le cercle de l'Art Moderne, Collectionneurs d'avant-garde au Havre" au musée du Luxembourg : est-elle à voir ou ne pas voir ?

A voir car c'est un sujet original. Explications :

J'ai été certes un peu déçue par le contenu de l'exposition mais en me penchant sur l'histoire du cercle de l'art moderne, ce collectif de collectionneurs et artistes basé au Havre actif entre 1906 et 1910, j'ai compris tout l'intérêt du thème choisi par le musée du Luxembourg : le cercle de l'art moderne est un exemple rare de décentralisation de la scène artistique française.

L'histoire du cercle de l'art moderne
La ville du Havre s'est développé touristiquement et culturellement grâce à la ligne de chemin de fer Paris-Le Havre durant la 2e moitié du XIXe siècle. Une société des amis des arts est constituée et le musée est ouvert en 1945. Une nouvelle génération de collectionneurs affirment leur goût pour l'art contemporain et influent la commission d'achat du musée pour y introduire ces nouveaux artistes.
Le cercle de l'art moderne est fondé en 1906 par ces collectionneurs, le plus connu est Olivier Senn. Ils entretiennent des rapports étroits avec certains artistes et les invitent à venir peindre au Havre. Le cercle de l'art moderne s'intéresse aux précurseurs de l'impressionnisme (Courbet...), aux impressionnistes (Monet, Pissaro, Degas...), post-impressionnistes, nabies et fauves. Malgré la qualité des 4 expositions organisées, le cercle de l'art moderne se dissout en 1910 suite au dispersement de ses fondateurs.

Mon avis sur l'exposition
Je ne connais que les grands noms de l'impressionnisme et ce n'est pas un mouvement que je privilégie, j'ai donc retrouvé peu d'artistes que je connaissais et ceux que j'ai découvert étaient plus secondaires (sur l'échelle de l'histoire de l'art, je ne dit absolument pas cela de façon péjorative).
Les thèmes des oeuvres étaient évidemment bien souvent Le Havre, la mer, plus une salle de nus. Je pense donc que cette exposition est à privilégier pour les passionnés du mouvement impressionniste, les amoureux des scènes maritimes et navales, ou encore pour le public qui ne va pas souvent dans les expositions et veut voir des jolis tableaux.

Prenez le temps de lire la description de l'exposition sur le site du musée du Luxembourg, de lire les panneaux, le dépliant... pour bien comprendre les oeuvres.

La scénographie est bien pensée, agréables, avec des petites salles très ouvertes autour d'un couloir central. Mais l'exposition est bien courte par rapport au tarif toujours élevé du musée du Luxembourg, en 30 min j'en avais terminé.

Le petit catalogue de l'exposition pour 8 ou 9 €
selon l'éditeur peut être une bonne alternative
Informations pratiques sur l'expo "Le cercle de l'Art Moderne, Collectionneurs d'avant-garde au Havre" au musée du Luxembourg :
Du 19 septembre 2012 au 6 janvier 2013
Tous les jours de 10h à 19h30, nocturne le vendredi et le lundi jusqu’à 22h
Tarifs : 11€, réduit 7,5€
Temps de visite 30 min
Visite guidée d'1h15 tlj à 15h sauf mercredi, à 11h la semaine, à 12h30 le week-end, les lundi et vendredi à 17h30 et 19h
Et pour les enfants le week-end à 11h





Quelques oeuvres choisies justement car elles ne sont pas autour du thème du Havre ou de la mer :
Monet, Le parlement, effet de brouillard, 1903

Marquet, Quai de la Seine, 1905-06
Constance Jacquot

vendredi 12 octobre 2012

Avis sur l'expo "Bohèmes" au Grand Palais

Avis sur l'expo "Bohèmes" au Grand Palais : est-elle à voir ou ne pas voir ?
C'est selon l'intérêt qu'on porte au sujet...

Pourquoi "bohèmes" au pluriel ? J'ai compris deux types de vie bohème. Tout d'abord celle au sens propre, autour des mythes des gitans et autres gens du voyage, de leur mode de vie, de leur musique. Les femmes y sont très représentées, diseuses de bonne aventure et femmes farouches et séduisantes. Ensuite, la vie bohème adoptée par les artistes et les jeunes de certaines classes sociales d'Europe de l'ouest, attirés par son romantisme et sa liberté, adoptant les étoiles pour seul toit et prônant la charité pour seule fortune.

Je ne permettrai pas de juger de la qualité de la sélection d'oeuvres de l'exposition "Bohèmes" au Grand Palais car il est certain qu'une novice comme moi sur le sujet de la vie bohémienne trouve une parfaite cohérence autour de la thématique. Les peintures traversent les XIXe et XXe siècles, on trouve également quelques trop rares objets d'art.

Je m'étais rendue à l'exposition "Bohème" pour voir, au delà de la peinture, des objets de la vie bohémienne permettant de comprendre certaines scènes de vie et surtout des oeuvres littéraires traitant du sujet (la poésie en foisonne) ; or, objet et littérature n'étaient présents qu'en petite quantité, malgré une alcôve dédiée à Rimbaud et Verlaine, figures emblématiques de la vie de bohème.

Cette exposition du Grand Palais conviendra plus aux passionnés de la vie bohème et au public qui ne vient pas souvent au musée car c'est une expo longue, riche et hétérogène. Les "sous-thème" abordés sont courts, nombreux, ce qui donne du dynamisme à la visite, et très bien expliqués. Beaucoup d'oeuvres sont soulignées de cartels généreux de précisions.
Je précise cela car je n'ai pas réussi à rentrer dans l'univers bohémien, et d'autre part l'exposition était trop dense pour que j'en absorbe toutes les découvertes. Si c'était à refaire, je me contenterai de télécharger le e-book d'art pour Ipad à 4,99€.

Détail anecdotique : la première partie présentant des peintures du XIXe siècle montre des oeuvres mêlant gitans et gitanes et femmes et hommes blancs, ce qui est tout à fait surprenant sur un tableau !

Vous pouvez visitez un avant-goût de l'exposition sur internet en 3D à 360° avec une conférencière : http://www.grandpalais.fr/bohemes360/tour.html. Cet outil est vraiment intéressant et je pense que nous devrions aller dans ce sens là pour développer l'expérience culturelle sur internet.

Informations pratiques sur l'exposition "Bohèmes" au Grand Palais
Du 26 septembre 2012 au 14 janvier 2013, tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h (nocturne le mercredi jusqu'à 22h)
Durée de la visite : 1h au moins, surtout s'il y a du monde (et il y en a beaucoup !! Pas forcément la queue, mais à l'intérieur)
Plein tarif : 12 euros, tarif réduit : 8 euros (13-25 ans, demandeur d'emploi, famille nombreuse). Gratuit pour les moins de 13 ans bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse.
Je rappelle que la carte Sésame propose des tarifs très intéressants, par exemple : 18€ pour les moins de 25 ans.

Constance Jacquot

jeudi 11 octobre 2012

Avis sur l'expo "Sculpter l'animal" au musée des Années 30 de Boulogne-Billancourt

Avis sur l'expo "Sculpter l'animal" au musée des Années 30 de Boulogne-Billancourt : est-elle à voir ou  non ?
A voir avec plaisir si on est amateur de sculpture ou sensible à la beauté animal...

L'expo "Sculpter l'animal" présente comme son titre l'indique une série d'oeuvres animalières de sculpteurs de la fin du XIXe, des XXe et XXIe siècles. Des artistes d'influences variées côtoient des pièces marginales de grands noms (Delvoye, Bugatti, Pompom...)

On découvre des pièces très figuratives, mais aussi stylisées avec humour !
Orang-outang assis les bras écartés de Georges Guyot
Sanglier de Pompom


Les sculpteurs se sont aussi inspirés des différentes cultures et d'époques passées pour leurs stylisations.
Tête de cheval du monument du général Alvear d'Antoine Bourdelle

Les sculpteurs jouent entre les textures de la peau de l'animal et de la couleur et le grain de la pierre.
Tête de cobra de Maurice Prost

Chaque oeuvre de l'exposition de "Sculpter l'animal" est très bien explicitée sur son cartel, à la fois à travers la vie de l'artiste mais aussi sur la sculpture elle-même, ce qui permet de voir et de comprendre des détails qu'on ne verrait pas forcément seul.

D'autre part, d'un point de vue purement scénographique, la mise en scène du Musée des Années 30 est original avec l'usage du parcours en bois aggloméré. Les sculptures sont disposées sur des présentoirs de hauteurs différentes qui confèrent du dynamisme au parcours et l'éclairage tamisé met en valeur les surfaces variables des sculptures.

Le Musée des Années 30 de Boulogne-Billancourt est un lieu de découverte agréable car peu fréquenté, aux tarifs très accessibles (n'hésitez pas à négocier un tarif réduit avec un grand sourire si vous êtes jeune ou étudiant)

Informations pratiques de l'exposition "Sculpter l'animal" au Musée des Années 30 de Boulogne-Billancourt :
Du 13 avril au 28 octobre 2012
Durée moyenne de visite : 40 min en prenant le temps d'observer et de prendre des photos
Tarif : 6 €

Constance Jacquot