vendredi 14 juin 2013

Avis sur l'expo "Dynamo" au Grand Palais

Avis sur l'expo Dynamo au Grand Palais : est-elle à voir ou non ? Non. Si la curiosité peut vous y pousser, elle est trop longue et épuisante par rapport à son intérêt. Pour en parler sans la voir.

Dynamo présente les arts optique et cinétique sous toutes leurs formes d'expression au cours du XX° siècle, avec 200 œuvres par 142 artistes, dont nombreux vivants et jeunes. Ce sont des points plutôt positifs puisque le Grand Palais promeut ainsi la scène contemporaine et le visiteur en prend plein la vue avec cette exposition d'ampleur qui occupe la totalité des 2 étages des galeries du Grand Palais.
Le parcours est thématique plutôt que chronologique, thématique dans le sens que les œuvres sont rassemblées selon l'effet qu'elles produisent, leur incidence sur l'environnement ou le spectateur : battement, halo lumineux, mouvement, miroirs, transformation des matières par le mouvement, changement de l'aspect de l'œuvre selon le point de vue, etc...

La plupart des pièces présentées au long de Dynamo fonctionnent en interaction avec l'espace ou avec le spectateur, et ne peuvent pas à mon sens être considéré comme des œuvres d'art une fois isolées. Les effets provoqués sont nettement plus physiques de psychiques, contrairement à des objets d'art plus classiques comme les tableaux, sculptures... Les arts optique et cinétique sont des formes d'abstraction vouées à l'expression du mouvement et de la lumière plutôt qu'à quelconque lyrisme. Ils ne se réfèrent à aucun phénomène psychologique ni évènement de la nature ; les oeuvres  ne renvoient qu'à elle-même et à leurs incidences physiques.

Morellet : Triple X Neonly, 2012

Sobrino : Transformation Instable Juxtaposition Superposition, 1963-2011
Varini : 23 disques évidés + 12 moitiés et 4 quarts, in situ 2013

J'ai donc ressenti le propos de ces œuvres comme esthétique mais creux, néanmoins cela le rend très ludique et accessible à tous, mêmes aux enfants. Les artistes l'ont bien compris et exploitent cette facilité d'appropriation qu'a le spectateur en créant des pièces nécessitant son intervention, en proposant des œuvres-labyrinthes, en mettant les sens en situation d'inconfort par l'obscurité ou au contraire les flash, parfois jusqu'à l'extrême du confort. Je me suis sentie agressée par les pièces présentées, comme un cobaye, elles s'imposent sans laisser au spectateur la liberté de les ignorer ou des interpréter.

Ce que j'ai finalement préféré sont les tableaux de géométrie abstraire des années 30 à 60, un bon vieux Vasarely il n'y a que ça de vrai !

Vasarely : Vega-Bas, 1967


La queue pour une œuvre dans le noir à laquelle le visiteur
participe, bébé sur le dos... C'est vrai que le goût artistique
doit être forgé au plus tôt !
Pour couronner mon mécontentement, cette expo est devenue le prétexte d'une sortie familiale dans laquelle les enfants sont lâchés comme des animaux. Je ne sais si ce sont les médias, le public, ou le Grand Palais lui-même qui lui ont donné ce ton. Si vous y allez un week-end ou un mercredi, attendez-vous à voir des enfants de tous les âges, jouant, criant et courant dans les galeries du Grand Palais comme s'il s'agissait de Disneyland, sous le regard attendri des "surveillants" qui semblent apprécier l'animation et des parents trop heureux de voir leur progénitures "se cultiver". Même s'il faut avouer que le contenu de l'exposition s'y prête, il me paraît inconcevable d'avoir des enfants "en liberté" dans un musée car les parents se doivent de garder un rôle pédagogique et de respecter le travail présenté. Dynamo, en autorisant ces comportements, ridiculise tout un mouvement en faisant en quelques sortes des arts cinétique et optique des espèces de "sous-art" à livrer en pâture au grand public ignare. Or, je ne pense pas que ces arts soient à sous-qualifier ni que le grand public, même inhabitué, ne soit débile, donc le Grand Palais nous prend pour des pigeons en nous présentant l'expo Dynamo ainsi.

Dynamo ou la sortie du dimanche. Pauvre Julio Le Parc...

Je vous recommande donc vivement, si après tout cela l'envie de voir Dynamo vous prend encore, de choisir une fin de journée (expo ouverte jusqu'à 20h) ou la nocturne (22h le mercredi) pour être au calme et entre adultes ;-)

Les phrases à sortir pour frimer sans voir l'expo Dynamo au Grand Palais :
  • "C'est bien qu'une grosse institution comme le Grand Palais présente autant d'artistes dont certains jeunes."
  • "Les œuvres sont amusantes mais un peu creuses. Tu sais les arts optique et cinétique sont des abstractions basées sur le mouvement, il n'y a aucun lyrisme là-dedans."
  • "Je me suis sentie agressée par les pièces présentées, comme un cobaye, elles s'imposent sans laisser au spectateur la liberté de les ignorer ou des interpréter. Heureusement qu'il y avait quand même quelques bons vieux Vasarely à comtempler !"
  • "Le Grand Palais et les médias ont fait de Dynamo une mascarade en la présentant comme une expo familiale. Des enfants courraient partout, c'est un manque de respect total aux arts cinétique et optique."
  • "Franchement, ça vaut pas le coup. C'est cher, l'expo est très longue, avec les flash de partout tu vas ressortir crevé."

Informations pratiques sur l'expo Dynamo au Grand Palais :
Jusqu'au 21 juillet
Ouvert tous les jours sauf mardi de 10h à 20h et le mercredi jusqu'à 22h
Tarif : 13€ / TR : 9€
La queue est raisonnable à présent, vous n'êtes pas obligé de réserver.
Durée de visite : grand minimum 1h, pour être à l'aise prévoir 2h30

Constance Jacquot

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