Avis sur le film "Sport de filles" de Patricia Mazuy (2011) : est-il à voir ou à ne pas voir ?
A ne pas voir au cinéma (sauf avec votre bande de copains et copines cavaliers).
"Sport de filles" présente une facette de l'univers du commerce de chevaux de haut niveau et de la compétition international à travers l'histoire de Gracieuse, cavalière dans une écurie d'obstacle. Alors que le film s'ouvre sur une vente de chevaux de sport, qui met en avant la beauté de l'animal et des scènes d'affection entre la monture et sa cavalière, la rage de cette dernière est très rapidement exaltée (au bout de 3 minutes) lorsque que cette jument qui lui était promis est vendue.
La colère de Gracieuse, contenue ou exprimée, transpire dans chacune des scènes du film. La réalisatrice à chercher à démontrer sa résolution têtue, bornée, au péril de la loi et de la sécurité des chevaux, à montrer sa valeur et à obtenir son cheval personnel dans le but de l'emmener au sommet de l'art équestre, ce qui semble être la clé de son bonheur. Son comportement est irréaliste tant il est extrême, mais n'oublions pas que c'est du cinéma, dont le but est aussi d'exalter les sentiments.
A travers l'histoire, on découvre le monde du commerce des chevaux de dressage, dont les prix se comptent toujours en dizaines de milliers d'euros et peuvent monter jusqu'à des centaines. Au regard de mon expérience, cette représentation est juste, ainsi que les aspects du métier mis en avant : passion pour l'animal, exigence de la perfection et commerce à tout prix. D'un point de vue de la technique équestre, le film est également crédible (mais Gracieuse n'est pas une cavalière surdouée comme le disent tous les synopsis).
Si le film est juste d'un point de vue équestre, les péripéties très rythmées finissent par s'emballer et être confuses dans la dernière partie du film. Les personnages sont tous hystériques, malheureux ou aigris, et se débattent pour s'extirper de leur situation. Le scénario perd en crédibilité, un tel déchaînement de passions ne peut pas avoir lieu dans le domaine de la compétition de haut niveau de dressage. Cette rage est tout l'objet du film, certes, mais le dressage ne tolère pas ces débordements et tout professionnel arrivé à un tel niveau sait ravaler sa colère et garde toujours comme objectif prioritaire le bien-être et la réussite des chevaux.
A mon avis, "Sport de filles" sera apprécié par ceux qui apprécient l'animal sans forcément connaître le sport. Il n'est pas assez pointu pour les férus d'équitation et pas assez fédérateur pour le grand public.
Constance Jacquot
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