La bande annonce de "L'Ange du bizarre, Le romantisme noir de Goya à Max Ernst", très décalée de l'image institutionnelle du musée d'Orsay, vaut le coup d'oeil :
Bande annonce de l'exposition Gérôme au musée d... par musee-orsay
Le romantisme noir est un courant artistique qui commence à la fin du XVIIIe siècle dans la littérature gothique anglaise et se prolonge jusqu'au début du XXe siècle avec le cinéma expressionniste. Les artistes utilisent un univers sombre et onirique pour poser les questions de pérennité de la morale, des moeurs et de la religion. Leurs craintes personnelles et celles propres au XIXe siècle, la peur de l'avenir, se comprennent assez facilement, même pour une amateur comme moi, dans les scènes dantesques, les monstres et autres personnages torturés, si bien qu'on s'attribue ce ressenti. Le romantisme noir peut être vécu de façon très personnelle.
J'ai visité "L'Ange du bizarre, Le romantisme noir de Goya à Max Ernst" un jeudi soir en imaginant que c'était une brillante idée... Grosse méprise, car le musée d'Orsay était plein à craquer. J'ai attendu 15-20 minutes avant de pénétrer dans le bâtiment, je n'ai pas eu à faire la queue au caisse grâce à la gratuité pour les 18-25 ans (et oui, même sur une exposition temporaire ; le musée d'Orsay m'énerve à rester arc-bouté sur la position d'interdire la photo, mais j'avoue que cette gratuité très encourageante me le ferait oublier) mais vu le "troupeau" qui attendait devant les caisses, dans un certain chaos, là encore il y avait bien 15 minutes à patienter pour acheter son billet.
Une fois entrée dans l'exposition, je remarque qu'il n'y a plus de guide de visite. Je suis allée en récupérer un au bureau d'informations (l'exposition se tient dans la galerie à gauche, et ce point d'infos est de l'autre côté à droite). Je me suis donnée de la peine pour rien -il fallait littéralement jouer des coudes pour se déplacer- car ce guide de visite reprend mot pour mot les panneaux présents dans les salles.
Les conditions de visite de "L'Ange du bizarre" était absolument déplorables tant il y avait de monde : la chaleur nous étouffait (j'ai oublié d'évoquer précédemment la longue attente au vestiaire, néanmoins plus disciplinée que les caisses) et bien souvent seule la partie haute des tableaux restait visible tant de personne était agglutinées devant, parfois malgré elle car ne sachant comment bouger. Certes le musée d'Orsay est là victime de son succès mais ces difficultés auraient été évitées si les premières salles n'avaient pas été si petites ! J'ai interprété cela comme un choix scénographique, pour nous faire entrer dans l'univers marginale et intime du romantisme noir, mais des salles plus grandes et des oeuvres plus espacées auraient été nettement plus appropriées. Au fil de la visite, cette impression d'étouffement diminue car les salles suivantes sont effectivement plus grandes, on voit mieux les oeuvres, la visite devient enfin agréable.
Au-delà de ces inconvénients pratiques, l'exposition est vraiment à voir car la thématique est certes dans l'air du temps mais aussi très intime. Même si on est au milieu de centaines de personnes, les oeuvres choisies par le musée d'Orsay renvoient à des états d'esprit, des sentiments, des chimères et autres rêves enfouis en soi, et peuvent même les réveiller un court instant, comme une étincelle. Les tableaux et quelques sculptures sont tour à tour émouvantes, mystérieuses, érotiques, certaines provoque un malaise, font peur.
Boiffard : Renée Jacobi, 1930 |
Von Stuck : Le baiser du sphinx, 1895 |
Le musée d'Orsay a mis en ligne une longue présentation de l'exposition, excellente initiative qui permet à tous de la comprendre.
Beaux Arts Magazine et Dossier de l'Art ont chacun édité un hors-série sur le romantisme noir, qui permet pour 9€ de mieux comprendre les symboles dans les oeuvres et l'athmosphère qui régnait dans l'Europe qui les a produites. La boutique de l'exposition est riche de romans, essais et poèmes du romantisme noir, je me suis laissée tenter par Les Infortunes de la Vertu de Sade.
J'irai sans aucun doute la revoir, quand il y aura un peu moins de monde, fin avril ou début mai, quand l'effet soufflet du lancement sera retombé et le sprint final pas encore lancé.
Le musée d'Orsay pourrait aussi proposer plus de nocturnes, pourquoi pas uniquement pour l'exposition car la configuration des lieux s'y prête, à la manière du Centre Pompidou qui avait très bien réagi pour Dali, exposition qui termine d'ailleurs en apothéose avec un week-end d'ouverture 24h/24 du vendredi 22 mars à 11h au lundi 25 mars à minuit.
J'aime attendre a édité un guide des expositions parisiennes qui indique notamment l'affluence prévisionnelle. Voici leur prévision pour "L'Ange du bizarre, Le romantisme noir de Goya à Max Ernst" :
Ce tableau est issu du guide des expositions parisiennes sans attendre par "J'aime attendre" que vous pouvez télécharger intégralement et gratuitement |
Infos pratiques sur l'exposition "L'Ange du bizarre, Le romantisme noir de Goya à Max Ernst" au musée d'Orsay :
Jusqu'au 9 juin
Durée de visite : selon l'affluence et votre courage, en 40 minutes ça peut être vu mais j'y serait bien resté des heures !
Tarifs : 12 €
TR 9,5 € (valable pour tous à partir de 16h30 sauf jeudi et samedi et le jeudi soir après 18h)
Gratuit pour les 18-25 ans résidant en UE
Ouvert de 9h30 à 18h sauf lundi, jusqu'à 21h45 le jeudi
Constance Jacquot